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Le  Moulin de la Couronne
7 avril 2011

La voix sauvage

...C'était au mois de septembre. Les journées étaient encore chaudes et ensoleillées...


...Depuis quelques temps, j'avais pris l'habitude de jeter dans la pente les restes de mes repas. Non pas par négligence, mais avec une conviction écologique. "Pourquoi mettre à la poubelle des épluchures qui seront brûlées et qui pollueront l'air de la vallée? Autant que cela retourne à la nature et s'y fonde en enrichissant le sol, ce sera un engrais naturel de plus pour mes arbres."...


...Je savais que les chiens n'allaient pas dans la pente. Le seul animal domestique à y passer son temps était une petite chatte colorée dont la passion était de guetter les souris...


...Sans me l'avouer, j'envisageais, peut-être, aussi, la venue d'animaux plus importants, belettes, fouines, renards, blaireaux...


...C'est au cours de l'une de ces soirées tranquilles que j'eus une visite inattendue...

la_voix_sauvage


...Il était là, à quelques mètres, sur la pelouse, à l'endroit où le terrain fait une pointe au-dessus du vide. Majestueux, bien campé sur ses pattes, apparemment inquiet de se trouver si près de la maison, me regardant à peine surpris comme s'il me connaissait déjà, comme s'il savait qui je suis...


...Ce qui me frappa le plus, je crois que c'est son regard. Des petits yeux dorés, biens posés sur moi, à la fois vifs et charmeurs. C'était un renard, sans doute assez jeune, de grande taille, au pelage éclatant de feuilles d'automne, se tenant fermement, observant sans hâte la créature bipède qui se tenait dans l'entrebaillement de la porte...


...Une tâche blanche veloutée ornait sa poitrine. Il me regardait de l'air de dire: "Bonjour! Qui es-tu? Je suis le prince de ce lieu. Que veux-tu? Reste chez toi et donne-moi à manger si tu le désires, mais ce n'est pas une obligation, en attendant réjouis-toi de ma beauté."
Je voulus finir le mouvement que j'avais commencé, c'est-à-dire, pousser de l'épaule la baie vitrée sur le côté, et m'approcher, mais je jouai trop fin. À ce moment il disparut, plongeant d'un bond dans la pente. Je poussai complètement la porte à glissière, me précipitai au bord de la petite falaise d'ardoise. Il se trouvait juste en-dessous, à six mètres de moi, progressant dans les plantations. J'appelai: _ Petit! Petit! Coco! Viens mon coco!
À ces mots il s'arrêta et me regarda en tournant la tête vers le haut. Son corps était ramassé, tendu, l'échine tremblante, les jarrets pliés. Je me forçais à ne pas bouger, gardant la position de mon approche au bord du trou, vacillant légèrement sur ma jambe avancée. Je tentai de l'appeler encore: _ Petit! Coco! Viens! N'aie pas peur!
Mais cela ne réussit pas, au contraire, à le retarder. Il s'enfuit à grande vitesse sur les herbes et disparut dans la nuit.
Je restai longtemps à veiller, croyant qu'il reviendrait. Après minuit j'étaignis les lumières et je demeurai assis derrière la vitre jusqu'à la limite de mes forces...

renard


...Le lendemain je préparai mon coup dès le matin après un réveil plus que tardif. J'arrivai chez le boucher et je demandai, en plus d'un steack, des déchets pour chien. J'appuyai à dessein sur le mot "chien", ne désirant pas faire connaître à la ronde la venue de mon renard. J'étais sûr qu'il reviendrait, alors je devançais les indiscrétions qui ne manqueraient pas d'intervenir. Je ne ressentais pas la crainte d'une curiosité malveillante précise, entre les chasseurs, les vieux qui craignent les maladies et qui ont gardé vis-à-vis des animaux la mentalité de l'ancien temps, les voisins susceptibles de faire courir dans l'opinion publique des bruits désagréables, mais une espèce de méfiance naturelle, plus instinctive que raisonnée, comparable à celle du chien qui a trouvé un os...


À la nuit tombante je jetai de la viande assez loin dans la pente...Je décidai d'attendre sans bouger, l'important était de ne pas l'effrayer par une sortie intempestive qui risquait de le faire partir à tout jamais...Quelques minutes après une forme se présenta sur le côté gauche du terrain, le côté ouvert. "Bon sang de bois!" C'était un chien! Je me lève et je sors en gesticulant et en criant...
Enfin il arriva,..........................(extrait du livre: la voix sauvage)

la_voix_sauvage

Dans ce roman qui s'inscrit dans le cadre grandiose de la montagne, deux héros aux destins totalement opposés vont se croiser. Le premier est un homme (le narrateur), qui a fait de la montagne et de la neige sa patrie, sa vie, sa profession. Mais à un tournant de sa vie il rencontre l'autre héros de cette aventure, un autre, sauvage, nocturne, libre: le renard. Celui-ci va bouleverser son destin. Quittant tout ce qui fut son existence, le narrateur, comme aspiré par cet appel irrésistible, va suivre le renard dans sa quête sauvage jusqu'à sa fin probable, mais transfiguré pour l'éternité.
Ce roman est l'oeuvre d'un professionnel de la montagne. Il donne une vision très particulière du milieu naturel et le décrit avec passion.

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Commentaires
C
:-)))
T
Il était secret en quelques sorte jusqu'à la signature ;-)))
C
Oh oh , tu ne m'avais pas dit qu'il y avait déjà un blog <br /> Chouette alors :-)))))
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